Point juridique : le congé sabbatique

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Nous sommes périodiquement interpellés sur la possibilité ou pas de prendre un congé sabbatique; en effet, c’est un outil intéressant pour faire une coupure dans une carrière professionnelle qui peut devenir pesante, voir même se donner les moyens d’un nouveau départ, vers un « ailleurs » professionnel, ou personnel.

Le congé sabbatique c’est quoi ?

Appelée souvent, de façon impropre, année sabbatique, le congé sabbatique est un type de congé de longue durée prévu par le Code du travail (article L3142-91). Il donne le droit à un salarié de quitter son entreprise pendant une certaine période au cours de laquelle son contrat de travail se trouve suspendu : le salarié n’a pas à se rendre au travail et, en contrepartie, il ne touche pas de salaire.

A l’issue du congé, le salarié peut reprendre son travail en retrouvant son précédent emploi ou un emploi similaire assorti d’une rémunération au moins équivalente.

Conditions pour en bénéficier

Le salarié qui souhaite bénéficier d’un congé sabbatique doit remplir toutes les conditions suivantes.

Ancienneté dans l’entreprise

Le salarié doit justifier d’une ancienneté d’au moins 36 mois dans l’entreprise, consécutifs ou non, à la date de départ en congé. Toutefois, une convention ou accord collectif d’entreprise (ou, à défaut, une convention ou un accord de branche) peut prévoir une durée d’ancienneté différente.

Années de travail

Le salarié doit justifier de 6 années d’activité professionnelle dans le secteur privé.

Comment faire ? la demande

Le salarié informe l’employeur de son souhait de bénéficier du congé, de la date souhaitée pour son départ et de la durée de son congé. Les conditions et délais d’information sont déterminés par convention ou accord collectif d’entreprise (ou, à défaut, par convention ou accord de branche).

En l’absence de convention ou d’accord applicable, le salarié adresse sa demande à son employeur par tout moyen permettant de justifier de la date de demande de congé (lettre ou courrier électronique recommandé, par exemple).

Sa demande est adressée à l’employeur au moins 3 mois avant la date de départ en congé envisagée.

Réponse de l’employeur :

L’employeur informe le salarié :

  • soit de son accord sur la date de départ choisie par le salarié,
  • soit du report de cette date,
  • soit du refus de lui accorder le congé.

À défaut de réponse de l’employeur dans un délai de 30 jours à compter de la présentation de la demande, le congé sabbatique est accordé.

Le report du congé ou le refus de l’employeur sont soumis à conditions, qui varient en fonction de la taille de l’entreprise. Pour les entreprises de plus de 300 salariés : L’employeur informe le salarié de son accord sur la date de départ choisie, par tout moyen permettant de justifier de la date de sa réponse.

Quelle durée ?

La durée du congé varie de 6 mois minimum à 11 mois maximum.

Pendant le congé :

Conséquences sur le contrat de travail

Pendant la durée du congé sabbatique, le contrat de travail est suspendu.

Indemnisation

Le congé sabbatique n’est pas rémunéré (sauf dispositions conventionnelles, contractuelles ou usage contraire).

Report des congés payés

En prévision du congé sabbatique, le salarié peut en financer une partie en reportant à l’avance une partie de ses congés payés. Ces congés seront alors pris et payés lors du départ en congé sabbatique. Les conditions de ce report sont fixées par convention ou accord collectif d’entreprise (ou, à défaut, par convention ou accord de branche).

En l’absence de convention ou d’accord applicable, le salarié peut reporter chaque année les congés acquis à partir de la 5e semaine, jusqu’au départ en congé. Ces congés peuvent être cumulés pendant 6 ans au maximum. Ainsi, par exemple, un salarié ayant droit à 5 semaines de congés payés par an décide de reporter pendant 6 ans sa 5e semaine de congés : il cumule alors 36 jours ouvrables de congés. Une indemnité compensatrice correspondant aux 36 jours ouvrables de congés non pris est alors versée au salarié lors de son départ en congé sabbatique.

Activité professionnelle pendant le congé

Pendant le congé sabbatique, le salarié peut exercer une autre activité professionnelle, salariée ou non. Cependant, il doit respecter les obligations de loyauté et de non-concurrence vis-à-vis de son employeur.

Reprise anticipée

Le salarié ne peut invoquer aucun droit à être réemployé avant l’expiration du congé. Un retour anticipé dans l’entreprise reste toutefois possible avec l’accord express de l’employeur.

A l’issue du congé ?

Après un congé sabbatique, le salarié retrouve son emploi précédent ou un emploi similaire dans l’entreprise, assorti d’une rémunération au moins équivalente à celle qu’il percevait au moment du départ en congé.

Le salarié a le droit de bénéficier d’un entretien professionnel avec son employeur consacré à ses perspectives d’évolution professionnelle.