Harcèlement moral : Comment agir ?

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Quelques repères à propos du harcèlement moral, pratique insidieuse, à laquelle chacun d’entre nous peut être confronté-e, que ce soit personnellement, ou dans notre entourage.

Le harcèlement moral au travail, de par ses aspects sournois, est parfois difficile à identifier, y compris par les personnes qui en sont victimes, et surtout à prouver.

Comment en effet prouver ce qui, souvent se produit à l’abri du regard des autres ?

L’expérience montre que :

– Plus l’auteur du harcèlement sera conscient de la faiblesse de sa victime, plus il la harcèlera.

– Plus la victime sera passive, plus les brimades et humiliations se multiplieront.

Il est donc très important que la personne harcelée ne subisse pas passivement les agissements du harceleur (ce qui est plus facile à dire qu’à faire), en se comportant en personne consciente de ses droits et du respect dû à sa dignité et à sa personne.

Pour lutter contre les agissements et actes de harcèlement au travail, il convient :

– De déceler très en amont les prémices d’agression, les premiers agissements et actes de harcèlement moral.

– De bien repérer le processus de harcèlement moral afin de l’analyser.

Pour faciliter cette analyse et mieux préciser les motivations du harceleur, il est essentiel de se poser un certain nombre de questions concernant le harceleur, le service, la victime.

– De rechercher si d’autres personnes ont fait, ou font actuellement l’objet de harcèlement moral au travail par le même agresseur, pour témoignages éventuels.

Le parcours professionnel du harceleur est souvent édifiant quant à sa personnalité, très souvent il a fait d’autres victimes dans le service ou ailleurs.

– D’établir soigneusement les faits et la relation de cause à effet entre la dégradation de l’état de santé de la personne harcelée et les conditions de travail.

– De rechercher l’origine du harcèlement (cause objective ou perversité du harceleur), les premiers évènements déclencheurs, les objectifs du harcèlement.

– De trouver de l’aide auprès du syndicat, des représentants des personnels, des acteurs sociaux et de la prévention au travail…

– De résister psychologiquement.

– D’agir en recherchant les violations de la loi du 17 janvier 2002 sur le harcèlement moral au travail, des divers textes assurant la protection de la santé au travail, des règles légales, des statuts.

– Faire intervenir la justice si la victime le souhaite.

Les principaux conseils pratiques en matière de harcèlement moral au travail peuvent se résumer ainsi :

– Réagir le plus tôt possible pour éviter que la situation perdure ou se dégrade.

– Ne rien laisser passer.

– Évacuer toute culpabilité personnelle et toute tolérance envers l’agresseur.

– Cesser de se justifier, malgré la tentation de le faire car toute imprécision ou erreur pourraient être utilisées contre la victime.

– Rester imperturbable, garder son sang-froid, ne pas s’énerver face aux provocations de l’agresseur, faire son travail normalement.

– Repérer et analyser les tactiques et le mode de fonctionnement du harceleur, afin de déjouer ses agressions et l’amener à la faute.

– Éviter les explications avec l’agresseur seul (e). Si celles-ci se font, le faire en présence d’une autre personne (représentant du personnel, collègue de travail, syndicat…).

– Abandonner toute conduite d’évitement en montrant à l’agresseur que désormais vous ne vous laisserez pas faire.

– Éviter tout isolement avec l’agresseur, recherchant à chaque fois une personne qui pourra témoigner devant le tribunal pour apporter des preuves irréfutables.

– Noter régulièrement dans un carnet personnel tous les agissements répétés, comportements, paroles, actes, gestes, dégradations des conditions de travail portant atteinte à la personnalité, aux droits, à la dignité, à la santé physique et mentale, à l’avenir professionnel de la victime, même les plus anodins.

Contacter le syndicat et les représentants du personnel qui ont un pouvoir d’interpellation et qui peuvent demander audience, intervenir en RP, à la CSSCT – auprès du chef de service…

– A défaut, contacter l’union départementale ou l’union locale CGT de votre département ou localité (consulter l’annuaire téléphonique), ou une association de lutte contre le harcèlement moral au travail.

– Rassembler à tout moment le plus grand nombre de preuves écrites du harcèlement.

– Faire une déclaration au commissariat (main-courante) qui a le mérite de dater des faits importants.

– Agir sans craindre le conflit pour obliger l’agresseur pervers à se dévoiler.

– Rechercher le témoignage de collègues de travail ou de toute autre personne, en essayant de trouver le moyen pour que les agressions et actes de harcèlement se produisent en présence d’autres personnes.

– En cas de harcèlement téléphonique, qui est un délit, demander au procureur de la République à être mis sur écoute (ce sera également un élément de preuve).

– Essayer de retrouver et prendre contact avec d’anciennes victimes éventuelles du harceleur qui, si elles ne font plus partie du personnel, pourront apporter leur témoignage.

– Rechercher le soutien moral des collègues de travail dans le service.

Demander à rencontrer le chef de service, ou un autre cadre pour tenter de mettre fin à la situation de harcèlement au travail. Ne jamais y aller seul (e), se faire toujours accompagner d’au moins un représentant du personnel ou du syndicat.

– Démontrer que jusqu’à l’arrivée du harceleur, ou de l’élection à un organisme consultatif comme représentant du personnel, la personne harcelée allait bien, et que sa structure psychologique n’était pas, jusqu’alors dépressive.

Saisir, le Comité Social et Économique ou la CSSCT, qui ont le pouvoir de faire procéder à une enquête en vue de protéger la santé physique et mentale de l’agent

– Consulter le médecin du travail, le médecin traitant. Celui-ci prescrira le plus souvent un arrêt de travail pour éloigner la victime de son agresseur, et ainsi la protéger en attendant les premières mesures conservatoires devant être prises par l’administration.

La victime ne devra intégrer son lieu de travail que lorsqu’elle sera en état physique et psychologique de se défendre.

Certains certificats médicaux peuvent préciser la mention suivante « apte sous une autre subordination hiérarchique ».

à Consulter éventuellement un psychothérapeute, un psychiatre ou autre spécialiste, afin de ne pas laisser se dégrader sa santé et retrouver un bon état psychologique et l’énergie pour mieux se défendre.

à Faire intervenir la justice en cas d’impossibilité de faire cesser le harcèlement, ce qui reste l’ultime recours.