Éducateur spécialisé : quel est l’impact des « faisant fonction » ?

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article publié dans : https://www.lemediasocial-emploi.fr/

Alors que certains éducateurs spécialisés sont remplacés par des « faisant fonction », y a-t-il un risque de déqualification des équipes socio-éducatives ?

Une réalité méconnue

Le plus souvent, les salariés faisant fonction d’éducateurs spécialisés auprès d’enfants ou d’adultes sont des moniteurs-éducateurs, parfois des aides médico-psychologiques (AMP). Combien sont-ils ? Difficile à dire en l’absence d’études chiffrées.

Certes, la dernière enquête « Emploi » d’Unifaf – l’Opco du secteur social, médico-social et sanitaire – indique que les éducateurs spécialisés et les moniteurs-éducateurs représentent près de 40 % des effectifs dans la protection de l’enfance, 20 % dans le champ de l’aide aux adultes et familles en difficulté et 15 % dans le secteur du handicap.

Mais impossible de déterminer combien, parmi eux, exercent de facto la fonction d’éducateur spécialisé sans en avoir le diplôme d’Etat ni la qualification professionnelle.

Un phénomène difficile à quantifier

La question ne date pourtant pas d’hier. « Existe-t-il un scandale des ‘faisant fonction’ dans les établissements et services sociaux et médico-sociaux ? », s’interrogeait ainsi, en 2010, l’ancien éducateur spécialisé et consultant Daniel Gacoin, sur son blog.

Il s’appuyait alors sur des chiffres recueillis par l’Organisation nationale des éducateurs spécialisés (Ones) auprès de professionnels du milieu socio-éducatif : près de 60 % des répondants indiquaient que leurs équipes comprenaient une à six personnes non diplômées en travail social occupant une « fonction éducative » ou « socio-éducative ».

Ils regrettaient aussi en grand nombre, selon l’Ones, « l’appauvrissement de la réflexion et des pratiques, le manque de prise de recul et la difficulté à impulser et renouveler des projets » induits par ce phénomène, qui renforcerait « une perte de sens du travail qui contribue au départ des professionnels diplômés ». L’organisation a d’ailleurs fait des propositions en 2013, pour contrecarrer ce constat.

Le spectre d’une déqualification ?

Une opinion qui n’a guère changé depuis. Le président de l’Ones, Jean-Marie Vauchez, pointe toujours le risque d’une déqualification des équipes socio-éducatives, motivée par la rationalisation des coûts à l’oeuvre dans le secteur social et médico-social.

« Un moniteur-éducateur coûte moins cher qu’un éducateur spécialisé« , s’inquiète-t-il. « Aujourd’hui, plus l’on se rapproche de l’usager, moins l’on est formé« , déplore-t-il encore, en ajoutant que, « si la pluridisciplinarité peut enrichir et diversifier le regard, nous ne sommes pas dupes de la contrainte économique derrière ces choix, faits au détriment de la qualité des prestations ».

Commentaire CGT : Cet article publié dans « le media social emploi.fr » pose bien la réalité du problème des déqualifications progressives des intervenants de proximité, la perte du sens de notre métier, bref, la non reconnaissance de la nécessité d’avoir des personnels bien formés à tous les niveaux d’intervention auprès des publics, et sa corollaire, la reconnaissance salariale de ces formations, ce qui conserverait par ailleurs l’attractivité de nos secteurs…

Ce n’est malheureusement pas le cas, ni l’intention des organisations patronales du secteur (NEXEM etc), Une grande vigilance s’impose donc et une mobilisation pour défendre et améliorer nos conditions de travail et de vie au travail.